LE MEURTRE
L’Étranger est divisé en deux parties. La première se termine sur l’épisode qui détermine toute la deuxième partie : le meurtre de l’Arabe qui entraîne le procès et la condamnation à mort de Meursault. Cet épisode semble, à lui seul, résumer l’ensemble du roman.
À gauche vous trouverez cet épisode lu par Albert Camus, lui même. Et ci-dessous, vous trouverez les deux planches, de la B.D. de Jacques Ferrandez d'après l'œuvre de Camus.
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Écoutez cet épisode lu par Albert Camus, à la fois que vous suivez les images de la B.D.. Trouvez-vous que Jacques Ferrandez transmet avec ses dessins les émotions que nous décrit Camus ?
Le Soleil est pour ainsi dire le troisième personnage de cet extrait, il domine le texte et est omniprésent tout a long de cet extrait. Il y a d'ailleurs répétition 5 fois du mot soleil.
Tout au long de l'extrait, la chaleur intense se fait ressentir comme en témoignent les termes : « brûlure », « brûlante » « un souffle épais et ardent » « pleuvoir du feu »
-Le Soleil est assimilé à un véritable brasier.
Croyez-vous que le Soleil soit un actant essentiel ? Pourrait-on affirmer que le Soleil est une présence hostile pour Meursault ? Quelles expressions soulignent cette affirmation ?
Meursault exprime son malaise par les termes tels que « Me faisait mal », « je ne pouvais plus supporter », « m'atteignait », « douloureux ». Ce malaise va d’ailleurs jusqu'à l'idée d'une agression avec trois images qui assimilent l'éclat de la lumière à une « lame », « un glaive » et à « une épée ». Ce caractère agressif de la lumière est renforcé par des verbes qui expriment une action instantanée et brutale : « giclé », « jaillit ».
Peut-on attester que le Soleil est une source de souffrance pour Meursault ? Quel autre facteur est également une source de souffrance ?
De quoi s'agit-il, quand Meursault emploie la métaphore suivante : « ce rideau de larme et de sel » ?
Les effets nuisibles de la chaleur du soleil, de la lumière et de la sueur se concentrent sur le visage de Meursault.
Les notations descriptives montrent que le visage au complet, dans toutes ses composantes est source de souffrance : Il sent les veines de son front battre « ensemble sous la peau ». Par deux fois encore, il est question de front. Le narrateur évoque également les yeux, les sourcils sont évoqués, les cils, les paupières.
Les sensations visuelles et tactiles en viennent à se doubler d'une sensation auditive pénible : « je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front ».
Le soleil est une présence douloureuse pour Meursault, qui ne cesse d'exprimer son mal, sa douleur. Ce soleil est la cause d'un aveuglement de Meursault. Quand on parle d'un aveuglement, est-ce au sens propre ou figuré ? Où les deux ?
Hamartia : Terme propre à la tragédie grecque antique, utilisé par Aristote qui en définit le terme dans son ouvrage l'Armétique. L'hamartia est l'erreur que commet le héros et qui déclenche le mécanisme tragique. Cette erreur est souvent un acte irréfléchi.
Ici, l'hamartia est de faire « un pas en avant ». Le soleil est la puissance supérieure qui va pousser le héros à la faute (agent de fatalité), c'est à cause de lui que le héros va commettre l'hamartia.
Il ne s'agit que d'un pas, mais il celui-ci est mis en valeur par la répétition du mot « un pas, un seul pas ».
Alors même qu'il l'accomplit, Meursault sait que ce geste est inadéquat a la situation, il va jusqu'à reconnaître son erreur : « je savais que c'était stupide ».
Alors même qu'il l'accomplit, Meursault sait-il que son geste est inadéquat à la situation ? va-t-il jusqu'à reconnaître son erreur ?
Ce pas prend une importance démesurée. Ensuite se met en place un engrenage tragique en 5 étapes :
1. L'hamartia, le pas en lui-même.
2. La conséquence immédiate de ce geste, « et cette fois ». Deuxième étape qui correspond à la réaction de l'Arabe qui sort son couteau. Le soleil se reflète alors dans cette lame, et soudain, la sueur inonde le visage de Meursault.
3. « c'est alors que tout a vacillé », la nature toute entière semble se liguer contre Meursault, le corps de Meursault se tend, son doigt se crispe sur la gâchette du révolver.
4. « Et c'est là […] que tout a commencé » -> premier coup de feu
5. « Alors, j'ai tiré encore quatre fois »
Toute la narration semble suggérer qu'il n'est que la malheureuse victime d'une suite de circonstances incontrôlables. Pensez-vous que Meursault est victime du destin ?
Une question s'impose : Pourquoi Meursault tire-t-il quatre coups supplémentaires sur le « corps inerte » de l'Arabe ?
« Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais à la porte du malheur » Comment interprétez-vous cette métaphore ?
En tirant 4 coups supplémentaires, Meursault décide-t-il d'assumer le destin qui est le sien, celui d'un meurtrier ? Accède-t-i en quelque sorte à la liberté ?
Ce passage de L'étranger constitue-t-il un épisode charnière dans le roman ? Justifiez votre réponse.
Consultez ce que sont des registres épiques et tragiques. Diriez-vous que le récit glisse vers ce genre de registre?
Rédigez une rédaction de 200 mots environ ayant comme sujet: En quoi l'extrait du meurtre révèle-t-il l'absurde ?